Ce festival automobile est dédié à la banalité

Il ne faut même pas essayer de tenter le coup : les amateurs qui essayeront de rentrer dans ce festival avec une Porsche 911 classique, une Rolls-Royce, Ferrari ou une Bugatti se verront refuser l’entrée. Au contraire, ceux qui débarquent avec une Ford Scorpio II, une Renault Fuego ou une Daihatsu Rocky se verront dérouler le tapis rouge. Le week-end prochain, samedi 10 mai, aura lieu aux Pays-Bas le festival annuel EMWalhalla, un événement qui rend hommage aux voitures mal aimées de leur époque.

Cette approche pour le moins singulière est amusante à plus d’un égard et elle contraste naturellement avec les traditionnels concours d'élégance, tels que le Zoute Grand Prix, SpaItalia ou le concours d’élégance d'Anvers. Car c’est un fait : jusqu’ici, tous les événements ou les rassemblements de voitures anciennes ou plus jeunes déroulent d’abord le tapis aux modèles les plus prestigieux et rares.

Décalé

Le nom de ce concours d'élégance alternatif est dérivé du club organisateur, appelé Elk Merk Waardig (chaque marque compte). Selon les propres dires des responsables, il s’agit ici de se préoccuper des « modèles inconnus et incompris, des ratages, des mauvaises voitures, des imitations, des flops étonnants, des cas désespérés, des joyaux nés à la mauvaise époque ou dans de mauvaises circonstances. » Dont acte.

À titre d'exemple, l’EMW cite la Renault 14, la Talbot Tagora, la Volkswagen K70, la Mercedes-Benz Vaneo, la Fiat Tempra, l'Alfa Romeo Arna, la Saab 9-4X, la Volvo 440, la Hyundai Pony, la Kia Opirus, la Buick Reatta, la Mercury Sable, la Nissan Cube, la Subaru XT, la Seat Malaga, la Skoda Roomster, et ainsi de suite. Une liste très variée de voitures un peu excentriques ou simplement banales, mais qui deviennent aussi plus exclusives avec l'âge à l’instar d’une vieille Porsche 911, pour ne citer que l'archétype des classiques.

Les organisateurs ne fixent pas de limite d'âge. Ils décident en effet à l'aveugle quels participants seront autorisés à garer leur voiture sur le parking ad hoc et ils précisent aussi qu'une bonne histoire peut aussi être utile. En plus de flâner parmi les voitures exposées, on peut aussi visionner des émissions telles que « Flop Gear ». Et, contrairement à de nombreux autres événements sur quatre roues, les « burn-out » sont ici interdits. EMWalhalla se déroule le samedi 10 mai de 10h à 15h au Louwman's Toyota World à Raamsdonkveer. L'entrée est gratuite.

Un peu plus d'esprit

Cet événement va donc à l'encontre de la forme conventionnelle de l'amour pour les quatre-roues au sein de laquelle l'esprit sportif ou de prestige de la marque prévaut. Et le cas EMWalhalla n’est pas isolé, car ce type de rassemblement tend à s’étendre, preuve que l’intérêt est là.

Au Royaume-Uni, il existe par exemple le Festival of the Unexceptional, un événement qui existe depuis plus de dix ans. Le principe : le « Concours de l'Ordinaire » voit des prix décernés à des voitures qui seraient éliminées de facto dans les compétitions classiques. Et l’humour britannique est bien au rendez-vous puisque ce concours se déroule dans les jardins d’un château. Joli pied de nez.

Aux États-Unis, il existe par ailleurs le « Concours d’Lemons » fait référence à un synonyme américain du mot « épave » (wreck). Il se déroule chaque été en Californie et possède également une édition au Canada. Les mêmes organisateurs ont également créé leur propre compétition en sport automobile, les « 24 Hours of Lemons », dont les courses se déroulent à travers tous les États-Unis. Oui, le banal a le droit d’exister. Et il faut parfois s’en rappeler !

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