Le débat entre défenseurs de la voiture électrique et de la thermique se poursuit, malgré les nombreuses études déjà publiées sur le sujet et qui donnent presque systématiquement l’avantage à la voiture à accumulateur. Mais cette fois, la sortie est assez surprenante, car elle vient d’Akio Toyoda, l’ancien patron de Toyota. Celui-ci a affirmé lors d’une longue interview à Automotive News que « nous avons vendu quelque 27 millions de véhicules hybrides. Ces véhicules ont eu le même impact que 9 millions de véhicules électriques à batterie en circulation. Mais si nous avions fabriqué 9 millions de véhicules électriques au Japon, cela aurait en réalité augmenté les émissions de carbone. » Si on fait le calcul, ça signifie donc que l’empreinte environnementale d’une voiture électrique pèse autant que celle de trois voitures hybrides.
Mais quelle mouche a donc piqué d’Akio Toyoda pour tenir de tels propos, alors même que Toyota vient de dévoiler sa nouvelle stratégie qui prévoit l’arrivée de 15 nouveaux modèles 100% électriques d’ici à 2027 ? En réalité, ces propos – qui font des vagues bien au-delà du Japon – s’expliquent par le fait que Toyoda part du mix électrique japonais pour établir son calcul.

Une explication
En réalité, pour asseoir sa déclaration, Akio Toyoda se fonde sur le mix énergétique japonais qui repose encore majoritairement sur des centrales thermiques et à charbon pour produire l’électricité. De ce fait, cette électricité est fortement carbonée et ce bilan s’ajoute à celui d’une production qui, comme on le sait, est plus émettrice en raison de la fabrication de la batterie. Selon une étude publiée dans IOP Science, on considère en effet que la production d’une voiture hybride coûte entre 6 et 9 tonnes de CO2 alors que celle d’une voiture électrique coûte entre onze et quatorze tonnes. En raison de la production électrique, les voitures électriques qui roulent au Japon n’ont dès lors presque aucune chance de compenser cette dette environnementale issue de la phase de production, au contraire de nos contrées où l’électricité provient du nucléaire, de l’éolien, du photovoltaïque (même s’il nous reste bien entendu quelques centrales au gaz aussi).
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Daily 5 report for Tuesday, June 10: Toyota’s Akio Toyoda gets new top role https://t.co/Tr1s7ThE88 pic.twitter.com/pJu08r9OWH
— Automotive News (@Automotive_News) June 11, 2025
Le tout est évidemment de savoir quand la voiture électrique est capable de s’acquitter de sa dette carbone. Les études varient et, on s’en doute, le point de bascule varie d’un pays à l’autre. Selon le Laboratoire national d’Argonne, une voiture électrique qui n’émet rien à l’échappement (c’est bien simple, il n’y en a pas) doit parcourir 31.300 km pour annuler les émissions produites lors de sa fabrication. Cela représenterait moins de deux ans d’utilisation pour un automobiliste américain si on en croit FactCheck.org. Cela dit, d’autres recherches, comme celle parue dans la revue Nature, estiment que ce seuil est plus élevé. Il serait de 45.000 km. Encore une fois, tout dépend de la zone d’utilisation du véhicule. Récemment, le département américain de l’Énergie s’est livré à l’exercice et il a calculé qu’un Tesla Model Y qui roulaient en Virginie produisait 149 g/mile de CO2 alors qu’il n’en produisait que 80 g/mile en Californie où les sources d’énergie sont mieux décarbonées. Pour la comparaison, une Prius Plugin émettrait dans ces mêmes zones respectivement 177 g/mile et 130 g/mile de dioxyde de carbone. Au bilan, cela signifie donc que le seuil d’équilibre carbone de la voiture électrique se situerait entre 2,2 à 2,4 ans d’utilisation.

On se demande toutefois ce qui a poussé Toyoda à appuyer de tels propos alors que Toyota essaie de rattraper son retard sur l’électrique. En réalité, il faut se souvenir qu’il a été poussé vers la sortie en raison justement de sa stratégie anti-électrique qui menaçait le premier constructeur mondial. Sauf qu’entretemps, l’homme n’a pas changé d’avis. Il vient d’ailleurs de trouver un nouvel emploi : il est désormais président de l’Automobile Business Association of Japan, soit l’association des entreprises automobiles du Japon. Son objectif : faire de la voiture un objet de la culture japonaise en conquérant « le cœur et les esprits » du public. Vaste programme et qui, selon Toyoda – un amateur invétéré de sport automobile –, s’envisage manifestement davantage comme un nouvel épisode de Tokyo Drift dans la série The Fast and The Furious...
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