C’est un jeu de chaises musicales totalement inédit qui secoue actuellement le sommet de la pyramide de l’industrie automobile. Seule question : par où commencer ? Peut-être par Carlos Tavares qui a été remercié en urgence – un an avant sa retraite – par Stellantis pour « bons et loyaux services ». Et chez Renault, c’est Luca de Meo qui vient de faire ses adieux au secteur, préférant continuer dans le secteur du luxe. Un véritable coup de tonnerre qu’on n’avait pas vu venir.
Autre rebondissement totalement improbable : chez Volvo, Håkan Samuelsson, tel un dieu ex-machina, a été extirpé de sa retraite pour remplacer Jim Rowan, remercié pour ses mauvais résultats. Étonnant, non ? Autre exemple, car on n’en manque pas : tout aussi soudainement, Seat et Cupra se sont retrouvés sans dirigeant après que Wayne Griffiths – certes très électron libre – a claqué la porte.

De raisons personnelles ?
Ces départs fracassants sont les plus récents. Et il faut se souvenir que cette valse ne date pas d’hier. Car la pression du manque des liquidités sur les marques automobiles avait déjà provoqué le départ du patron de Polestar, Thomas Ingenlath ou encore de Peter Rawlinson chez Lucid, qui était l’un des mieux payés au monde. L’espace de quelques heures, on a aussi cru que l’indéboulonnable Elon Musk – pratiquement le seul grand patron autodidacte du secteur – allait aussi être poussé dehors, lorsque des rumeurs autour de contacts du Conseil d’administration avec d’un chasseur de têtes avaient été relayées par la presse et sur les réseaux sociaux.
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Mais peut-on croire que tous ces départs sont liés à des raisons personnelles, comme c’est presque toujours évoqué dans les communications officielles ? Ne s’agit-il pas plutôt de règlements de comptes dans un secteur réputé pour sa dureté ? Il est évident que tous ces départs ne s’inscrivent pas dans un seul et même scénario. Celui de Tavares relève de l’archétype du manager brillant devenu trop autoritaire... et qui finit par en payer le prix. Son portrait mérite ainsi d’être accroché aux côtés de ceux de Ferdinand Piëch, le mythique patron de Volkswagen réputé difficile, ou celui de l’ex-PDG de Renault, Carlos Ghosn. Des Roi-Soleil à leur manière, même s’il faut reconnaître leurs talents.

Rêver de voitures
Les départs de Luca de Meo chez Renault et de Wayne Griffiths chez Seat sont par contre plus interpellants. Car les défections de ces personnalités charismatiques – Griffiths a même posté un texte de David Bowie sur LinkedIn pour faire part de son départ : « I don’t know where I’m going from here, but I promise it won’t be boring » – montrent probablement surtout que le grand édifice de l’industrie automobile prend l’eau. La période est difficile est baigne dans l’incertitude avec des ventes décevantes et un passage à la voiture électrique qui coûte bonbon.
De ce fait, on ne peut pas s’empêcher de penser que si des passionnés comme de Meo et Griffiths quittent le navire, c’est que quelque chose de bien plus profond se trame. Ces hommes ont toujours rêvé d’automobiles et de jouer un rôle central dans leur développement. Qu’ils jettent l’éponge pour relever de nouveaux défis – de Meo devient maître joaillier – semble indiquer que l’âme automobile est en train de s’éteindre. Pourquoi ? les raisons peuvent être multiples : part croissante du logiciel dans les voitures, ingérence des politiques dans le débat automobile, cadences de développement imposées par les Chinois qui nuisent à la qualité, etc.

Trop à la fois
Il se trouve que l’industrie automobile doit aujourd’hui relever à trop de défis simultanément, sacrifiant par la même occasion tous les caractéristiques qui faisaient autrefois son identité ou son charme. Dans ce contexte brutal, on comprend que même les passionnés qui ont atteint les plus hautes fonctions finissent par atteindre leur seuil de tolérance.
À nouvelles lois, nouveaux patrons donc. Le tout dans une ambiance d’agitation, voire de panique. Car il faut s’y résoudre : l’évolution du secteur entre dans une cadence bien plus élevée que celle d’une supersportive lancée à pleine vitesse sur l’Autobahn. De quoi induire une situation de replis ou de défense pour le secteur. Antonio Filosa chez Stellantis comme Håkan Samuelsson chez Volvo sont avant tout des choix de stabilité. Les administrateurs préfèrent en effet miser sur des capitaines d’industrie expérimentés, capables d’agir avec sang-froid et fermeté. Mais ça ne durera qu’un temps. Car de nouveaux changements se préparent.
On ne s’étonne donc pas que Ferrari fasse désormais confiance à Benedetto Vigna, un ingénieur à l’origine du développement de capteurs informatiques. Le marque au cheval cabré parie donc sur le numérique, un choix sans doute judicieux compte tenu de l’époque. Et en même temps, on se demander si ce choix n’est un risque pour la marque la plus excitante du monde de basculer dans le conformisme...
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